Membre de l’APHD, Jacqueline René compte parmi les participants. «Quand j’ai vu que ce projet existait, je me suis inscrite tout de suite. Pour moi, ça répond à un besoin. Je fais partie de l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées et je n’ai pas pu participer aux réunions sur Zoom dans les derniers mois», fait savoir la femme de 81 ans.
Sans tablette ni ordinateur à la maison, la Drummondvilloise a communiqué par téléphone avec ses proches depuis le début de la pandémie. «Cet été, c’était un peu plus facile, mais là, c’est très difficile puisqu’on est en zone rouge. On ne voit pas la famille», se désole-t-elle.
Pour la femme qui a autrefois habité en maison bigénérationnelle, le projet de l’APHD lui permettra d’échanger davantage avec ses enfants et ses petits-enfants. «Ce sera la joie de les voir avec la tablette. J’espère avoir cette chance, en plus de tout ce que je vais pouvoir échanger au point de vue photo», sourit-elle.
Jusqu’à maintenant, 15 personnes sont inscrites à la formation. Les cours seront offerts en respect des consignes sanitaires.
Cri du cœur
Présent à la conférence de presse, le directeur général du Regroupement d’organismes de personnes handicapées du Centre-du-Québec (ROPHCQ), Patrick Paulin, a salué l’initiative de l’organisme drummondvillois. «L’action de l’Association des personnes handicapées de Drummond est particulièrement intéressante et inspirante pour s’attaquer aux deux problématiques que vivent actuellement les personnes handicapées», souligne-t-il.
«Depuis longtemps, une proportion importante de personnes handicapées présentent un niveau de littéracie numérique qui n’est pas suffisant pour pouvoir accéder convenablement à un monde qui se virtualise de plus en plus, aussi bien pour l’information que la participation sociale. La deuxième problématique que rencontrent les personnes handicapées est la barrière financière que représente le coût du matériel électronique, mais également la connexion internet», poursuit-il.
Au cours des sept derniers mois, la virtualisation s’est accélérée, est d’avis M. Paulin. «Aujourd’hui, la grande majorité des informations et des services, voire même celles essentielles à la santé, sont accessibles par internet. Au plus fort du confinement, certaines interventions psychosociales étaient proposées non plus en personne, mais par visioconférence. Cette virtualisation crée une exclusion dangereuse pour les personnes handicapées», déplore-t-il.
En mai, le ROPHCQ a interpelé le gouvernement fédéral afin de trouver des solutions. Le regroupement propose notamment de rendre accessible de l’équipement informatique et d’adapter le programme «Familles branchées», qui permet à des familles à faible revenu d’obtenir des services internet à 10 $ par mois.
«On a eu beaucoup de communications avec plusieurs cabinets de ministres fédéraux, mais leur intérêt s’est arrêté à nous dire que l’idée était excellente», mentionne Patrick Paulin, ajoutant qu’une pétition a été déposée en septembre dernier.
Le ROPHCQ interpelle à nouveau le gouvernement fédéral, mais aussi provincial. «Il ne s’agit pas d’une fleur qu’on fait aux personnes handicapées. Il en va de la responsabilité des gouvernements de ne pas exclure cette catégorie de personnes. C’est un cri du cœur. Nous sommes au début de la deuxième vague et les personnes handicapées vivent de l’exclusion qui peut être dangereuse pour leur santé mentale et leur santé physique», prévient-il.
Selon Statistiques Canada, 16% des Québécois vivent avec un handicap, visible ou non.
Source : Journal l’Express, édition du 20 octobre 2020